Réalisation : Leslie FRANKE et Hermann LORENZ
Une co-production de Kern TV et NDR
58 mn, 2005
MultinationalesL’eau, ressource vitale et bien commun de l’Humanité. Mais aussi marchandise pour les deux ou trois grandes firmes multinationales qui ont pris des positions clés sur le marché de sa distribution et de son traitement. À travers l’Europe, un même constat : des milliers d’emplois supprimés, des investissements en baisse, des prix à la hausse et des profits qui explosent. Et une question qui s’impose : la recherche du profit se fait-elle au détriment de la qualité de l’eau ?
En France, les cinq prochaines années seront des années cruciales pour le service public de distribution de l’eau, avec la renégociation de très nombreux contrats avec le privé. Ce documentaire allemand, sous-titré en français, vient opportunément nous rappeler les grands enjeux de la gestion de l’eau.
L’eau est à l’origine de la vie.
Nous apprécions les choses importantes de la vie quand nous n’en disposons plus : c’est le cas pour l’eau. Il suffit d’ouvrir le robinet et l’eau potable coule. Ce qui se passe dans le tiers-monde devrait pourtant nous indiquer que rien n’est garanti.
Mais, plus près de nous, chez nos voisins européens, que se passe-t-il ?
Mme Dewsnapp habite au cinquiéme étage à Londres. Quand elle se lève le matin, la première chose qu’elle fait est de vérifier si l’eau sort du robinet. Sinon, c’est un jour d’angoisse qui commence. Et ses voisins du troisième étage‚ ou bien ceux du second, ont-ils de l’eau, eux ? Les services de l’eau en Angleterre ont été privatisés en 1989. La réparation des canalisations à Londres coûte extrêmement cher et ne rapporte rien. En conséquence, 30 à 60 % de l’eau potable de Londres s’échappe dans les sous-sols. Comme les conduites d’eau victoriennes sont vétustes et ne peuvent plus tenir une pression croissante, la Compagnie des eaux de Londres, Thames Water, qui appartient au groupe allemand RWE, abaisse la pression !
Les multinationales, comme Suez et Veolia en France et RWE en Allemagne, rachètent les services de l’eau partout dans le monde avec, pour conséquence, l’augmentation des flux financiers. Pourquoi les grandes compagnies agissent-elles ainsi ? Pour augmenter leurs profits et accroître leur valeur marchande à la Bourse.
Est-ce que cela procure au consommateur une meilleure qualité de l’eau et un meilleur service à des prix raisonnables ? En observant ce qui s’est passé en Angleterre, la réponse est "non". Thames Water est le plus grand pollueur de l’eau en Angleterre. Cinquante à soixante fois par an, les eaux usées sont rejetées dans le fleuve parce que cela revient moins cher qu’apporter les améliorations nécessaires aux usines de traitement des eaux d’égoût. Depuis plusieurs années, les scientifiques recherchent quels effets a eu l’augmentation de ce rejet des eaux usées sur les fleuves et les lacs en Angleterre. Ce qu’ils ont trouvé, c’est une féminisation des poissons mâles. L’eau du fleuve est contaminée par les rejets humains. Des substances comme les hormones, les psychotropes, les agents paramagnétiques, etc., ne peuvent être éliminées au cours du processus de purification de l’eau potable que par micro-filtration, mais cette méthode est beaucoup trop onéreuse pour les compagnies orientées vers le profit. Quel effet cela a-t-il sur la capacité humaine de reproduction ?
Parce que les collectivités sont de plus en plus endettées, les villes cèdent leurs services de l’eau aux compagnies privées.
Le film montre les effets de la privatisation de l’eau en Angleterre au cours des 15 dernières années et quelles sortes de conséquences peuvent dèjà être observées dans plusieurs villes allemandes. À Berlin, la capitale, par exemple, Thames Water, RWE et Veolia ont acheté 49,9% des services de l’eau. Aux termes de l’accord, la ville de Berlin leur garantit l’intégralité de la gestion et un bénéfice minimum. À défaut, c’est le Sénat de Berlin (le gouvernement du "land") qui est responsable des dommages. La ville, déjà très endettée, a dû renoncer à une partie du bénéfice de Berlin Water Works et la restituer au gestionnaire privé au titre de la garantie.
Cela ressemble à une spoliation, n’est-ce pas ?
Les résultats sont les mêmes partout : suppressions d’emplois, moins d’investissements dans la maintenance des conduites, plus de fuites d’eau. La qualité de l’eau dépend de la gestion des risques. Combien coûte la maintenance, pendant combien de temps peut-on éviter des réparations ? Certes cela garantit un bon niveau de bénéfices pour les entreprises privées, mais que dire de la qualité de l’eau ? Pourquoi un groupe allemand comme RWE achète-t-il des sociétés comme Thames Water à Londres et American Water ? Pour le profit ! Et qui paye ? La bonne nouvelle est que la résistance se développe.
Réalisation : Leslie FRANKE et Hermann LORENZ
Image/Montage/Production : Hermann LORENZ
Seconde caméra : Stefan CORINTH, Marika KAVOURAS
Son : Stefan CORINTH, Julian BROWER
Commentaire par Paul GLASER
Musique : Hinrich DAGEFOR, Frank et Stefan WULFF
Production : Eva-Maria WITTKE, Fridtjof STECHMANN
Montage : Rainer MARKGRAF
Une co-production de KERN TV et NDR (Allemagne)
ACME (Association pour le Contrat Mondial de l’Eau)
Le Guide de survie dans la jungle du marché de l’eau sur le site d’Attac France
Les Eaux glacées du calcul égoïste, le site de Marc LAIMÉ
C’est un appel international à soutien qui a permis de financer ce nouveau film de Leslie FRANKE et Hermann LORENZ. Il est distribué en salles par La Mare aux canards.
Quant aux projections non commerciales, c’est Voir&Agir qui s’en charge !