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SUR LES CENDRES DU VIEUX MONDE

Image, réalisation : Laurent HASSE
Production : ISKRA, ARTE France, Sombrero, Carré Noir RTBF, Tarantula, Centre Vidéo de Bruxelles

73 mn, 2001

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Hayange, la vallée de la Fensch en Lorraine, berceau et fleuron de la sidérurgie française, peut-on lire dans les encyclopédies. Mais à l’aube du 3e millénaire, le constat est plutôt amer. Les usines, poumons économiques de la région et qui en avaient façonné le paysage, sont aujourd’hui détruites à 95 % et la population touchée de plein fouet par la crise.
Attirés par les primes et les exonérations de charges, des entreprises de pointe s’y installent pour quelques années avant de délocaliser vers d’autres eldorados à la main d’oeuvre bon marché. Qu’importe alors les chômeurs, les angoisses, et les vies brisées ?

DESCRIPTIF DU FILM

Pourquoi et comment en est-on arrivé là ? Comment vit-on à Hayange et dans la vallée aujourd’hui ? Qu’adviendra-t-il de cette société érigée dans le culte de la mono industrie ?
Ce sont toutes ces interrogations qui habite Laurent Hasse, revenu filmer la région de son enfance. Parti de Lorraine, il y a onze ans, pour fuir une réalité économique et sociale difficile, il revient chez lui avec une caméra. Il veut comprendre pourquoi la vallée de la Fensch prend aujourd’hui des allures de cimetière. Il se souvient de son enfance heureuse et de cette région en crise. Didier et Francine Drohm, Hamid Adjaoud, Djamel Meddah, Omar Benhaned, tous ses anciens camarades sont, comme lui, des “enfants de la sidérurgie”. Laurent Hasse raconte leur histoire. Des expériences différentes qui au fond disent toutes la même chose : la Lorraine est abandonnée, désemparée, sacrifiée sur l’autel de la mondialisation.

Film à la première personne, Sur les cendres du vieux monde met face à face deux manifestations d’une même impuissance à changer : celle de ces hommes et de ces femmes qui vivent la fin de la sidérurgie lorraine sans trouver de solutions à leurs problèmes hors de cette liquidation et celle du réalisateur qui, de par sa position, s’empêche de proposer quelques échappatoires. Et le résultat, dans son pessimisme fondamental, est saisissant.

CE QU’EN DIT LE RÉALISATEUR

Je me souviens d’une enfance heureuse dans une région qui déjà à l’époque ne l’était plus tout à fait.
Je me souviens d’une enfance sans problème, même si de loin en loin, le souvenir des conversations des adultes, quelques manifestations spectaculaires dont j’ai pu être le témoin, ou des images aperçues furtivement au JT entre Casimir et John Wayne laissaient déjà, à l’époque, entrevoir les signes annonciateurs d’une fin programmée. Mais j’étais alors un enfant. Je n’étais qu’un enfant. Mes préoccupations étaient ailleurs.
Je me souviens que la dureté de la réalité économique et sociale de la région ne m’est apparue que bien plus tard, à l’adolescence avec ce qu’on pourrait appeler l’éveil d’une certaine conscience politique. Pour moi, cette prise de conscience a engendré la fuite, l’exil, l’exode, la décision de poursuivre des études, quelles qu’elles soient, mais ailleurs. Des études pour retarder au maximum mon entrée dans le monde du travail (dont la région ne m’offrait pas un visage engageant). Des études lointaines pour mettre le plus de distance possible entre ma vie — territoire des possibles — et ce champ de bataille qui deviendrait, c’était inéluctable, un champ de ruines.
Je me souviens d’une région moribonde qui faisait grandir ses enfants dans le souvenir d’une industrie toute puissante alors qu’elle était déjà finissante. Ce n’était pas un mensonge, c’était des oeillères.
Je me souviens d’une région moribonde qui faisait grandir ses enfants dans les résidus d’un paternalisme déjà révolu mais sans proposition de remplacement. Je me souviens avoir voulu partir, partir vite, partir loin, partir pour toujours… Pour toujours ?
En l’an 2000, je suis pourtant revenu.
Je suis revenu parce que la fuite laisse un goût amer, un sentiment d’inachevé, l’impression obsédante que quittant la région précipitamment, j’y ai laissé une partie de moi-même... à reconquérir peut-être par le biais d’un film. Revenir avec des outils et passer à l’action.
Je suis revenu parce que des amis, amies, leurs parents, mes parents y sont encore. Les copains de l’époque n’ayant pas choisi l’exil, s’étaient-ils construits autrement ? Comment ? Nos destins avaient-ils, comme nos trajectoires, divergé ? Les adultes que nous sommes devenus avaient-ils encore des choses à se dire ? Et en définitive : vivions-nous dans le même monde ?
Je suis revenu surtout... surtout parce que je voulais savoir et comprendre quel visage a aujourd’hui une région obéissant à des schémas hérités du XIXe siècle alors que l’on fêtait bruyamment, là comme ailleurs, l’entrée dans le XXIe.
Laurent Hasse

FICHE TECHNIQUE

Scénario, image, réalisation : Laurent HASSE
Son : Marc NOUYRIGAT, Xavier GRIETTE, Christian LAMALLE
Montage : Matthieu AUGUSTIN, Sophie DOLIVET
Commentaires : Gérard MILHES, Laurent HASSE
Documentation : Anne CONNAN
Mixage : Philippe GRIVEL
Photographe : Rémi VINET
Musique originale : Rodolphe BURGER
Musiques additionnelles : KAT ONOMA
Production : ISKRA, ARTE France, Sombrero, Carré Noir RTBF, Tarantula, Centre Vidéo de Bruxelles
Avec la participation du CNC, du Fonds d’Action sociale, de la PROCIREP, de la Délégation interministérielle à la ville
Avec l’aide du Fonds National de Soutien à la production audiovisuelle du Grand-Duché du Luxembourg, du Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel de la Communauté française de Belgique

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